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Robert Goossens : les bijoux couture

25 février 2022

Mode et bijoux. À l’occasion de la Fashion week 2022 j’ai décidé de me pencher sur un point de rencontre entre la mode et les bijoux : les bijoux couture. Bijoux de défilés, bijoux de paruriers... pour aborder le sujet parlons de l’un des fondateurs du domaine : Robert Goossens !

Les débuts

Robert Goossens (à droite) dans son atelier

L’aventure de Robert Goossens et des bijoux couture commence dans son enfance. Goossens baigne dans l’univers du métal avec son père fondeur de bronzes d’art. Il commence son apprentissage d’orfèvre auprès d’un spécialiste en tabletterie (petite boîte précieuse) Monsieur Bauer. Dans les ateliers de Bauer comme dans ceux de monsieur Lefèvre chez qui Robert Goossens travaille, le créateur apprend la marqueterie de pierres, de bois ou de métal. Robert Goossens fréquente les zazous parisiens et aussi le parurier Max Boinet. Grâce à ce dernier s’ouvre pour Robert Goossens tout un univers lumineux qui l’amène à travailler pour Monsieur Degorce artisan travaillant déjà depuis quelques décennies pour les parures de Mademoiselle Chanel.

Les collaborations

Robert Goossens travaille d’abord indirectement pour Gabrielle Chanel par l’entremise de l’atelier Degorce. En 1953 avec le décès de Robert Degorce, Goossens commence à travailler directement pour Coco Chanel. Reprenant la tradition des ornemanistes français des XVIIème et XVIIIème siècles Robert Goossens trouve inspiration dans l’antiquité et le Moyen Age. Les motifs wisigoths et étrusques sont travaillés à l’infini pour évoluer et se parer de matériaux différents.

Coco Chanel est donc en 1953 la personne permettant à Robert Goossens d’exercer son art au service des bijoux couture. Ces deux personnages ont pour point commun d’aimer mélanger à souhait matières, couleurs, vrai et faux. Et c’est en restaurant une de ses croix pendentif composée de cristal de roche que Robert Goossens perçoit le formidable terrain d’expérimentation qu’il peut y avoir.

Chanel et Goossens, Croix en or jaune et cristal de roche, années 1960.

Cette collaboration avec Coco Chanel ouvre à Goossens de nombreuses autres opportunités avec d’autres créateurs : Cristobal Balenciaga, Christian Dior ou encore Madame Grès. Dans ses créations Goossens n’hésite pas à mêler pierres fines, pâte de verre, résine, bronze, argent, plaqué ou or, vrai et faux.

Ses styles d’inspirations sont multiples : antique (mérovingiens, aztèques) baroque, pop, naturaliste…

Tour de cou et pectoral en métal doré. Réalisé pour Madame Grès vers 1960. Adjugé 2700€ en 2008 chez Deburaux Paris

Goossens pour Balenciaga, vers 1960. Broche-pendentif en métal doré, perles de verre et cristal Swarovski. Adjugé 2720 USD chez Artcurial en 2016.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Goossens pour Christian Dior, bracelets en bronze laqué, laiton, fausses perles, et cristaux diamants figurant des perles, coraux et coquillages créés pour le lancement du parfum “Dune”, 1989.

Goossens s’inspire aussi de l’Afrique et des bijoux traditionnels comme avec ce collier ras de cou orné de billes d’ébène, vers 1980.

Les arts décoratifs et la décoration intérieure

Chaumet, Diadème aux Épis de blés, vers 1811. Or, Argent, Diamants. Conservation Domaine National Château de Compiègne

Coco Chanel souhaite que les dessins de Robert Goossens s’épanouissent complètement. Elle lui commande donc en plus des bijoux pour ses collections couture des appliques, des tables, des vases… Pour ce faire Robert Goossens utilise le bronze doré, des bruts de minéraux comme l’améthyste ou la pyrite. Sur ce point il s’avère être un précurseur de sculpteur ou architecte d’intérieur des années 70 comme Duval Brasseur ou Guy de Rougemont. Pour Chanel, la décoration s’articule autour du thème de l’épi de blé. Ce thème a déjà été utilisé par le passé en joaillerie comme sur les broches et tiares du milieu du XIXème siècle.

 

Goossens pour Coco Chanel, Table basse épi de blé, 1970.

 

Goossens pour Chanel, Miroir Blé, en bronze doré et verre bombé, vers 1970.

Aujourd’hui à Paris si vous souhaitez avoir sous les yeux quelques exemples des arts décoratifs réalisés par Robert Goossens direction rive gauche à la galerie Rapin

Goossens aujourd’hui

Goossens Clips Coquille

En 2005 la maison Gossens est rachetée par la maison Chanel. Les modèles créés récemment reprennent le motif des épis de blé si chers à Gabrielle Chanel. On compte aussi d’imposantes manchettes comme le mythique bracelet serrure.

Collier Blé Talisman, Maison Goossens, Laiton doré et or jaune.

 

Manchette Boucle, Maison Goossens. Laiton doré et palladium.

La partie patrimoniale de la maison Goossens est restée quelques années à Pantin au cœur des maisons d’art de Chanel. Les bijoux couture de la maison Goossens côtoient les ateliers de broderie Lesage, Lanel, le bottier Massaro, le plumassier Lemarié ou encore le gantier Causse. Aujourd’hui le 19M d’Aubervilliers présente quelques uns des talents réunis de l’artisanat d’excellence. Onze métiers d’art sont réunis dans un bâtiment d’exception conçu par Rudy Ricciotti. L’occasion de faire dialoguer les cinq sens entre eux et de révéler au grand public des métiers d’artisans-artistes. Le savoir faire et le faire savoir… Tout un art que possédait Gabrielle Chanel !

Anne Pellerin

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